Selon la définition du dictionnaire Le Robert Micro, 1998, se déguiser est le fait de s’habiller pour être méconnaissable. Se déguiser => se travestir.
On trouve des traces de déguisement déjà au temps des Grecs, des Romains et des Egyptiens. La fête la plus connue pour se déguiser est le carnaval. Celle-ci est très répandue en Europe et en Amérique et c’est une des occasions de se déguiser durant l’année ! Si pour les adultes, le temps du déguisement est plus ou moins réservé à la période de carnaval, pour l’enfant ce peut être tout au long de l’année. Le déguisement pour l’enfant a de nombreux bienfaits.
Vers 2 ans, l’enfant découvre une nouvelle activité : le déguisement. Certains vont beaucoup apprécier ce jeu d’autres moins voire pas du tout. À partir de 3 ans, jouer à se déguiser est un élément constructif du jeu symbolique (jouer à, faire comme…)
Dans les prémices du déguisement, nous retrouvons un grand classique : l’enfant qui met les chaussures des adultes. Il aime aussi mettre un chapeau de grand ou s’emberlificoter dans un foulard.
Qu’est-ce que cette activité de déguisement apporte aux enfants ?
Tester la position de grand :
Lorsqu’il veut faire comme son papa ou sa maman, il veut tester la position d’autorité et aussi être dans ‘’la peau’’ de celui qui sécurise, réconforte, prend soin… Principalement entre 3 et 6 ans, période durant laquelle l’enfant veut être « chef de famille ». Il a pleinement intégré qu’il est une personne à part entière et que les adultes décident de tout. Jouer à être un adulte lui permet à son tour de décider, de poser des règles ou de câliner comme il le souhaite ses peluches, poupées, voitures…
Développer la confiance en soi et l’autonomie :
Le jeu de déguisement est mis en place par l’enfant. C’est lui qui en prend l’initiative et qui décide de la fin de celui-ci. Il choisit qui il veut être durant ce moment donné. De plus, le fait d’enfiler et manipuler des habits et accessoires lui donne l’occasion de développer sa maîtrise de l’habillement, il affine sa motricité fine et il gagne en assurance. En étant momentanément un autre, l’enfant peut plus facilement oser expérimenter certaines choses.
Essayer diverses identités :
Être un dragon, un chat, un superhéros, une licorne, le papa, la grande sœur… lui permet de tester les forces, les avantages et les inconvénients qu’elles lui apportent. L’observation des autres enfants utilisant ces mêmes identités est également source d’apprentissage pour lui. Lorsqu’il sort de son déguisement, il fait la découverte qu’il continue à être lui après ce moment de jeu. Il découvre et expérimente la continuité de soi.
Construction de l’identité :
L’essai de diverses identités aide l’enfant à construire sa propre identité. Dans ce moment de jeu libre, l’enfant va à la découverte de soi et du monde qui l’entoure. Cela lui permet d’explorer d’autres univers qui vont l’aider à se structurer.
Développer moult compétences :
Elles sont autant motrices (marcher avec des chaussures à talon, se déplacer comme un lion…) créatives (faire d’un foulard une jupe…) que sociales (créer des interactions pour définir les rôles de chacun…).
Extérioriser :
Le déguisement de lion permet de rugir comme lui ou lorsque l’enfant devient une sorcière, il peut ricaner comme elle. Ces moments peuvent servir de ‘’défouloir’’ et lui permettre d’extérioriser ses émotions. C’est aussi un moyen pour l’enfant de vérifier une règle posée par l’adulte. Par exemple, lorsque l’adulte lui demande de parler plus doucement, l’enfant peut répondre que ce n’est pas lui c’est la sorcière qui parle fort. Il vérifie si la sorcière doit se conformer à la même règle que lui.
Quel matériel de déguisement faut-il leur proposer ?
Tout dépend de l’enfant, pour certains ils se transformeront de la tête au pied avec habits et accessoires alors que pour d’autres, un seul accessoire sera suffisant.
Une caisse avec des vieux habits (vestes, blouses, pulls, pantalons, tabliers…) et accessoires (chapeaux, casquettes, ceintures, sacs…) et la possibilité qu’il puisse se voir dans un miroir. Le miroir est important pour permettre à l’enfant de se voir au fur et à mesure de sa transformation ou pour se découvrir une fois le déguisement terminé.
Attention toutefois aux chutes, si les habits sont trop longs ! Il est préférable de les raccourcir un peu avant de les donner aux enfants 😉
Que faut-il éviter ?
La première chose à éviter est de se moquer de l’apparence, des actions, des paroles… de l’enfant. Comme vu précédemment, ce moment de jeu contribue à la construction de l’estime de soi, de la confiance en soi, de l’identité… Pour l’enfant, le jeu est quelque chose de sérieux, c’est son travail.
Il est important également de ne pas influencer ou orienter son jeu. Pour qu’il puisse développer son imagination et sa créativité, il faut lui laisser du temps. S’il ne sait pas que faire ou comment faire, suggérez-lui quelques idées sans pour autant prendre le contrôle du jeu.
Lorsque certains enfants se déguisent et changent d’apparence sexuelle, c’est plus souvent l’adulte qui est dérangé. Lorsqu’une fille se déguise en garçon et inversement, elle-il se met à la place de l’autre. L’enfant est curieux des différences entre les sexes, c’est une manière de les comprendre et de les intégrer.
En résumé, le déguisement permet plein d’expérimentations et d’explorations diverses par la possibilité d’essayer d’être un autre pour un temps donné. Et on le sait le jeu est un moyen qu’à l’enfant de comprendre le monde.
Si vous souhaitez approfondir ce thème, voici quelques références :
« Dites-moi à quoi il joue, je vous dirai comment il va » (Broché, 2013). Sophie Marinopoulos psychologue et psychanalyste