Deuil, maladie, hospitalisation ou divorce : autant de circonstances douloureuses et difficiles de la vie qui impactent tous les membres d’une famille.
En tant que professionnels·les de l’enfance, comment aborder ces thématiques avec les enfants ? Comment accompagner et soutenir la famille pour qu’elle puisse rester une ressource ? Comment parler aux enfants de ces événements impactants ? Faut-il les protéger ? Les tenir à l’écart ? Attendre qu’ils posent des questions ?
Commençons par voir quel type d’événements peut engendrer une rupture de lien. Il peut s’agir de :
- Une séparation ou un divorce
- Un deuil
- La maladie d’un proche
- La maladie d’un enfant
- La fragilité psychique d’un parent
- Un déménagement
Les ruptures de lien sont toutes des circonstances de la vie qui peuvent désorganiser l’ensemble de la famille, mettre à mal les repères établis et amener des sentiments d’insécurité, de tristesse, d’injustice ou de colère. Trois grands axes sont déstabilisés lors d’une rupture de lien : le rapport au temps, le rapport au monde et le rapport à soi-même et aux autres. (lien sur ton article ?: https://valerielassueur.ch/les-ruptures-de-lien/#:~:text=Par%20rupture%20de%20lien%2C%20on,dans%20une%20autre%20région%2C%20etc.
Face à ces épreuves, les adultes ont du mal à aborder ces sujets délicats. Parfois même ils ont peur de leurs propres réactions. Dans le but de protéger les enfants et leur éviter de souffrir, ils gardent le silence. Mais il faut bien comprendre que l’enfant « sait » qu’il se passe quelque chose de bouleversant, même si son attitude a l’air d’être comme d’habitude. De plus, il faut bien savoir que les non-dits peuvent avoir des répercussions importantes et néfastes.
Voici quelques conséquences courantes des non-dits chez les enfants :
- Confusion émotionnelle : les non-dits peuvent laisser les enfants dans un état de confusion émotionnelle, ne sachant pas comment interpréter les situations ou comprendre leurs propres sentiments.
- Difficultés relationnelles : le manque de communication claire peut entraîner des difficultés dans les relations interpersonnelles des enfants, les empêchant de développer des compétences sociales saines.
- Anxiété et stress : les non-dits peuvent générer de l’anxiété et du stress chez les enfants, les faisant se sentir incertains et peu sûrs de leur environnement.
- Baisse de l’estime de soi : l’absence de communication ouverte peut conduire les enfants à croire qu’ils ne sont pas dignes de confiance ou qu’ils ne méritent pas d’être entendus, ce qui peut affecter leur estime de soi.
- Difficultés comportementales : les enfants peuvent exprimer leur confusion ou leur frustration par le biais de comportements perturbateurs ou agressifs s’ils se sentent incapables de communiquer leurs émotions.
- Difficultés d’apprentissage : les non-dits peuvent également affecter la concentration et la performance des enfants, car ils sont préoccupés par des problèmes non résolus ou des émotions refoulées.
- Manque de résilience : les enfants qui ne sont pas encouragés à exprimer leurs émotions peuvent avoir du mal à développer des stratégies de gestion du stress et de résolution de problèmes, ce qui peut compromettre leur résilience face aux défis de la vie.
- Répercussions à long terme : les non-dits peuvent avoir des répercussions durables sur le bien-être émotionnel et mental des enfants, affectant leur capacité à former des relations saines et à gérer efficacement le stress à l’âge adulte.
En tant que professionnel·le, vous êtes un lien d’attachement secondaire dans la vie de l’enfant et votre rôle est donc primordial. Dans ce type de situation, la famille et l’enfant vont avoir besoin de vous. Il est donc important de mettre en place une ligne directrice claire en collaboration avec les parents.
Voici quelques stratégies de communication à mettre en place :
- Utiliser un langage adapté : choisissez des mots simples et appropriés à l’âge de l’enfant pour expliquer la situation. Évitez les termes abstraits ou techniques qui pourraient être difficiles à comprendre.
- Être honnête et direct : soyez honnête avec l’enfant tout en adaptant la quantité d’information à son niveau de compréhension. Répondez à ses questions de manière simple et directe, en évitant de dissimuler la vérité.
- Encourager l’expression des émotions : laissez l’enfant exprimer ses émotions librement, qu’il s’agisse de tristesse, de colère, de confusion ou de peur. Assurez-vous de créer un environnement sûr et encourageant où il se sent à l’aise pour partager ses sentiments.
- Fournir un soutien affectif : offrez à l’enfant votre écoute attentive et votre soutien affectif. Montrez-lui que vous êtes là pour l’aider à traverser cette période difficile et que ses émotions sont validées.
- Utiliser des supports visuels : les supports visuels tels que des livres, des dessins ou des photos peuvent aider l’enfant à mieux comprendre et à exprimer ses émotions face à la situation.
- Préserver la routine : dans la mesure du possible, maintenez une certaine routine quotidienne pour apporter un sentiment de stabilité et de sécurité à l’enfant, même en période de crise.
- Favoriser le dialogue ouvert : encouragez l’enfant à poser des questions et à exprimer ses préoccupations. Assurez-vous de répondre à ses interrogations de manière empathique et rassurante.
- Rester disponible : soyez disponible pour l’enfant chaque fois qu’il en ressent le besoin, même après la première discussion. Montrez-lui qu’il peut venir vous voir à tout moment s’il a besoin de parler ou de se confier.
En mettant en place ces stratégies de communication, vous aidez l’enfant à comprendre et à faire face aux épreuves de la vie de manière plus constructive et soutenante. Il est, en effet, important d’être clair sur ce qui peut être dit aux enfants et sur ce qui peut être répondu en regard du secret de fonction.