Qu’est-ce que la notion du temps ? Difficile question à laquelle il n’y a pas une réponse toute faite. L’adulte est sans cesse en train de courir après le temps, de se plaindre que ça passe trop vite. Au mois de mai, il se dit déjà que c’est la fin de l’année scolaire, à la rentrée d’août il se dit que la prochaine étape c’est Noël, et à Noël, il prépare carnaval et ainsi de suite…. Mais qu’en est-il pour l’enfant ? Quelle est sa réalité face au temps qui passe ? Prenons le temps de nous arrêter sur ce sujet pour essayer d’y voir un peu plus clair…
Saint Augustin disait que tout le monde croit savoir ce qu’est le temps mais, dès que l’on demande de le définir, personne ne sait plus : « Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais, si on me le demande, et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus.»
Les trois dimensions du temps sont le passé, le présent et le futur. Le passé est le temps de la nostalgie et de l’imaginaire (introduction des contes « il était une fois… », des mythes) et il fait ce que nous sommes aujourd’hui. Le futur quant à lui est le temps de l’espérance, des projets et des craintes. Le présent, n’a de sens que par rapport au passé et au futur : ce que je fais et ce que je suis prend en effet sa source dans le passé et son embouchure dans le futur. Le temps n’a ni début ni fin, et nous n’avons aucune prise sur lui, le temps est toujours le même, il ne s’arrête pas, il ne s’accélère pas, il avance toujours au même rythme.
Entre 0 et 3 ans, l’enfant évolue dans un monde immédiat ; c’est tout, tout de suite ! De ce fait, la notion de temps va être un long apprentissage. Une des premières réalités et découvertes de la notion de temps chez le bébé est la sensation de faim. Lorsqu’il a faim, c’est immédiatement, le fait de lui dire que son biberon est en train de chauffer ne le réconforte pas du tout ; ses cris seront toujours aussi intenses jusqu’à qu’au moment où il commence à téter.
Entre 3 et 6 ans, au début l’enfant ne sait faire la différence qu’entre hier et demain, puis, petit à petit, les notions de matin, midi et soir se mettent place. Il va ensuite se repérer dans le temps en comptant le nombre de « dodo ». Vers l’âge de 5 ans, l’enfant peut nommer les saisons et, vers 6 ans, il connaît l’enchaînement des jours de la semaine. Il comprend que le temps passe indépendamment de lui.
Entre 6 et 10 ans, durant cette période, l’enfant apprend à lire l’heure sur une pendule, une montre ou une horloge avec des aiguilles et des chiffres. Les cadrans à affichage digital donnent l’heure alors que, sur une horloge classique, il faut déchiffrer l’heure.
Les repères temporaux sur l’année sont compris et le vocabulaire s’enrichit avec des mots tels que : après-demain, la veille, il y a 3 jours, avant-hier… Vers 9 ans, l’enfant comprend la coordination des différents systèmes (heures, jours, mois…) et la compréhension de l’aspect cyclique de ces systèmes est acquise.
La durée représente le temps psychologique, c’est celui qu’on éprouve en soi-même ; le temps objectif est celui de la mesure du temps. Le temps est irréversible (autant le psychologique et l’objectif), ce qui lui donne une dimension tragique (vieillesse, mort…), d’où le besoin de ne pas perdre de temps car le temps perdu ne se rattrape pas.
Quelques moyens d’actions :
Les points de repères et de rituels sont un des principaux besoins pour l’enfant (surtout en bas âge). Ceci contribue à sa sécurité intérieure mais sont aussi un premier jalon dans sa conception du temps. Ces repères devraient être maintenus aussi durant les week-ends.
« Matérialiser le temps » par exemple en transformant une horloge. Coller des animaux sur les chiffres et peindre la petite aiguille d’une autre couleur pour la rendre plus visuelle. L’horloge, pour les plus petits, transformer une horloge pour la rendre plus compréhensible et accessible pour lui.
Le choix des bons mots, nous utilisons moult expressions du type : « attends 2 minutes ! », « c’est bientôt l’heure ! », « vite, on va être en retard pour l’école ! », « allez, c’est l’heure ! », etc. Tout ceci ne parle pas à l’enfant et ne l’aide en rien à construire sa notion du temps. L’idéal est d’associer des repères langagiers à une action que l’enfant connaît : « le matin, tu te lèves, on déjeune et on part pour la crèche. », « on lira une histoire après le goûter », « ce soir, X part avant toi », etc.
Le sablier est un outil intéressant qui se révèle une aide précieuse dans l’apprentissage de la notion du temps. Par exemple, pour monter qu’il faut 10 minutes pour s’habiller pour aller au jardin ou en promenade. Qu’on se brosse les dents pendant 3 minutes.
Les sons sont aussi des repères qui peuvent aider les enfants à se repérer. Par exemple, le son du tambourin pour annoncer que le moment du repas.
Eviter de projeter son temps d’adulte sur le temps d’enfant. Si un enfant part pour la crèche, pensez à cette période de transition nécessaire. L’enfant n’anticipe pas les changements et il les vit lorsqu’ils se produisent.
Avec les parents, un travail de sensibilisation est parfois nécessaire avec eux afin qu’ils prennent conscience que la durée pour un enfant et un adulte n’est pas du tout la même. Par exemple, dire à un enfant au mois d’octobre que c’est bientôt Noël, donc bientôt les vacances et les cadeaux, pour lui ce n’est pas vrai ! A ce moment-là, Noël ça lui paraît être dans une éternité !
En conclusion :
Le temps est une notion que tout le monde connaît mais bien complexe à expliquer. Le temps s’égrène toujours au même rythme mais, selon ce que nous vivons il peut paraître interminable ou au contraire passer bien trop vite ; il nous semble souvent manquer de temps. Personne n’a prise sur le temps qui passe, lequel ne tient pas compte de nos besoins et envies personnels. Et le temps qui passe nous amène chaque jour un peu plus vers la vieillesse et la mort.
Le fait d’être précis dans les explications qu’on donne à l’enfant est également un élément formateur. Essayons d’éviter le plus possible les expressions telles que : « bientôt », « dans un moment », etc. elles n’aident pas l’enfant. Chaque personne met derrière ces mots, sa conception personnelle et intime donc elle ne sera pas la même que sa collègue !
Pour l’enfant « Hier et demain n’existent que maintenant ! »