Qu’est-ce que le risque et qu’est-ce que le danger ? Deux notions relativement proches qu’il est important de différencier pour permettre à l’enfant de développer sa connaissance de soi, sa confiance en soi et son estime de soi, ainsi que ses propres limites.
Définitions : Selon Le Robert Micro, le danger est ce qui menace la sûreté, l’existence d’une personne ou d’une chose -> péril. Le risque n’est pas (encore) un danger ; il est un danger éventuel plus ou moins prévisible.
Le risque est une notion très variable selon les individus mais il n’est qu’un danger potentiel qui n’est pas réel. Mal géré, il pourrait le devenir. C’est justement pour cette raison qu’il faut permettre à l’enfant d’appréhender cette distinction et de développer cette compétence de gestion du risque (de ne pas dépasser les limites) afin de ne pas se mettre en danger.
On le sait, le risque zéro n’existe pas. Néanmoins, nous cherchons constamment à nous en approcher, nos activités de loisirs à sensations l’illustrent bien! À force de vouloir limiter le risque au maximum, il a été amalgamé avec le danger. Mais en réalité, il s’agit de deux situations différentes, ces deux mots n’étant pas des synonymes.
Plusieurs facteurs contribuent à cette ‘’aseptisation’’ du risque. La société est de plus en plus procédurière et a toujours besoin d’un coupable. Il y a aussi le besoin de tout contrôler, maitriser. Mais également (et surtout ?) le regard des autres… Est-on un bon parent ou un·e bon·ne professionnel·le si l’enfant tombe, s’égratigne le genou ou mange de la terre ?
Afin de développer divers prérequis (à lire plus bas), l’enfant a besoin de faire de nombreuses expériences. Le laisser prendre des risques, c’est lui permettre d’apprivoiser son corps, ses émotions, ses ressentis… et d’oser essayer, expérimenter. Bien évidemment, il va tomber, louper, trébucher… et c’est là que notre rôle d’adulte est fondamental. Nous devons permettre la prise de risque tout en restant suffisamment éloigné du danger.
Pour sa construction, l’enfant doit pouvoir expérimenter, ce qui va immanquablement l’amener à tomber, à se tromper, à bafouiller… Mais cela lui permettra de développer moult aptitudes comme la curiosité, la créativité, la persévérance, l’affirmation de soi… Il va surtout acquérir la conscience et la compétence nécessaires pour gérer au mieux les risques beaucoup plus importants qu’il prendra lorsqu’il sera adolescent ou jeune adulte… Apprendre à l’enfant à gérer progressivement ses prises de risque est ainsi une éducation réaliste qui vise le long terme. Sans cela, le danger sera décuplé… Plus tard !
La prise de risque est également en lien avec l’autonomie de l’enfant, laquelle ressort à toutes les sauces. Ne voulons-nous pas la favoriser surtout dans les domaines qui nous arrangent comme manger seul, s’habiller seul… ? Il est nettement moins fréquent d’entendre parler d’autonomie sur le chemin de l’école en les laissant faire un bout tout seul… Il est souvent question d’autonomie pour des actes dans lesquels les enfants sont à proximité de l’adulte. En fait, il s’agit d’une pseudo-autonomie à l’intérieur d’une bulle dans laquelle on surprotège l’enfant et, en faisant cela, on l’empêche de développer ses capacités cognitives pour trouver des solutions par lui-même. Or, notre rôle d’adulte est d’amener progressivement l’enfant vers son autonomie… Pour se faire, il faut d’ores et déjà accepter cette séparation progressive car, devenir autonome, c’est la faculté d’agir indépendamment d’autrui.
En bref, le risque permet l’acquisition de précieuses compétences :
- gérer ses émotions et son sang-froid
- maîtriser des situations inhabituelles
- relativiser des événements stressants
- relever toutes sortes de défis
- apprendre à prendre des décisions
- apprendre à tester et gérer ses limites
- accroître son potentiel d’apprentissage
- renforcer sa confiance en soi et son estime de soi
- développer son autonomie au quotidien
- transmettre son assurance plutôt que son angoisse…
Pour ce faire, quelques questionnements simples :
- Qu’est-ce qui est réellement dangereux pour l’enfant (et non du fantasme de l’adulte) ?
- Quels sont les risques qui sont gérables par rapport au stade de son développement ?
- Quels sont les points de convergence (de cohérence) sur lesquels on peut s’accorder ?
- Par exemple, quelles sont les règles à appliquer quant à son utilisation du toboggan ? 😉
- Qu’est-ce qui est mis en place pour garantir une bonne collaboration entre la structure et les parents sur la prise de risque ?
- Rentrer de la crèche avec une bosse… comment le parent et le·la professionnel·le le vivent-ils ?
- Quelles sont les règles de sécurité qui peuvent être assouplies pour laisser plus de liberté aux enfants ?
Comme toujours, il s’agit de trouver ce délicat équilibre entre le trop et le trop peu. Permettre à l’enfant de prendre des risques sans se mettre en danger ! Ainsi, l’une des subtilités du rôle de parents comme du métier d’EDE est de canaliser les prises de risque naturelles de l’enfant en fonction de ses compétences, du contexte, des règles convenues, des bénéfices potentiels… C’est une gageure mais c’est tout à fait possible !