Une émotion : qu’est-ce que c’est ?
Une émotion est un ressenti momentané, souvent impulsif, provoqué par un intense sentiment de joie, de surprise, de peur, de tristesse, de dégoût ou encore de colère. Ces sensations peuvent occasionner des réactions plus ou moins fortes en lien avec l’âge de l’enfant. En bref, « l’émotion est définie comme une modification d’état rapide et transitoire en deux temps : (1) un déclenchement initial dû à la pertinence d’un événement (réel ou imaginé) menant à (2) une réponse dans plusieurs composantes (système nerveux périphérique, tendance à l’action, expression motrice et ressenti conscient). » https://csps.ch/bausteine.net/f/51752/Denervaud_Franchini_Gentaz_Sander_170420.pdf revue suisse de pédagogie spécialisée, 4/2017, les émotions au cœur des processus d’apprentissage.
En résumé, une émotion est un ensemble de réactions neurophysiologiques en réponse à une stimulation sensorielle. Elle entraine souvent un comportement adapté au stimulus, et est plus ou moins consciente. Nos émotions sont à la base de nos tourments et de nos jouissances.
Et notre vie émotive n’attend pas notre autorisation consciente.
Le développement du cerveau du jeune enfant
Avant de demander à un enfant de gérer tout seul ses émotions de manière adéquate, allons voir comment se compose le système cérébral et quelles sont les étapes du développement de l’intelligence émotionnelle.
Le système cérébral comprend les parties suivantes :
- Le cerveau reptilien qui gère les fonctions primaires (respiration, sommeil, etc.) ; il est la partie la plus primitive de notre tête.
- Le système limbique (appelé aussi cerveau émotionnel) qui est le siège de l’odorat, de la mémoire émotionnelle inconsciente (qui se trouve plus spécifiquement dans les amygdales) et des émotions.
- Le néocortex qui est en charge des fonctions cognitives complexes, telles que le raisonnement et le langage ; c’est la partie la plus humaine du cerveau. Au sein du néocortex, le cortex pré-frontal joue un rôle déterminant de régulation des émotions. C’est lui qui est aux commandes lorsqu’il s’agit d’analyser ce qui nous arrive et de prendre des décisions calmement.
Le cortex pré-frontal commence à être opérationnel entre 5 et 7 ans. Autant dire qu’avant 5 ans, l’enfant reçoit les émotions de plein fouet sans savoir quoi faire ni comment s’apaiser. Il est bon de comprendre que ce cortex mature lentement jusqu’au début de l’âge adulte. Ce qui signifie que les enfants, voire même les ados, ont besoin des adultes pour les accompagner face à leurs émotions. Ou en d’autres termes, les enfants ne savent pas quoi faire avec ces tempêtes émotionnelles qui les traversent.
L’intelligence émotionnelle se développe aussi au fil du temps. Il est commun d’identifier plusieurs étapes, reliées à une série de compétences :
- La compréhension des émotions
- La reconnaissance de ses propres émotions
- La reconnaissance des émotions d’autrui
- La capacité à ressentir des émotions appropriées aux situations
- L’apprentissage de la valeur émotionnelle de nouvelles situations
- La régulation de ses propres émotions
- La gestion des émotions d’autrui
Au regard de ce qui précède, on comprend facilement que l’accueil des émotions prend du temps. Il est donc illusoire de demander à un enfant de gérer ses émotions, comme un adulte avisé pourrait le faire.
Accueillir VS gérer ses émotions
Avant d’aller plus loin, je souhaite faire une différence entre le fait de gérer (résoudre) et d’accueillir (écouter) une émotion. Si les émotions sont là, c’est bien pour transmettre un message sur un besoin que l’enfant ressent à un moment donné. Les émotions sont donc faites pour être vécues et non pas pour être réglées.
En tant qu’adulte et référent, notre rôle consiste bien à aider l’enfant à accueillir ses émotions en les acceptant et en les validant. L’émotion est un ressenti, une sensation symptomatique d’un désir ou d’une insatisfaction que l’enfant vit. L’objectif est donc d’être un régulateur externe des émotions des enfants.
Réguler les émotions de l’enfant par des moyens simples
Que pouvons-nous faire, en tant professionnels·les, pour accompagner l’enfant vers une meilleure compréhension de ses émotions ?
- Prendre le temps d’écouter et de mettre en mot l’émotion ressentie
- Nommer les émotions
- Apprendre à l’enfant à reconnaître ce qui se passe au niveau de son corps lorsqu’il fait face à une émotion
- Poser des questions sur ce qu’il a ressenti après une émotion
- Essayer d’accueillir ses émotions sans jugement
Des stratégies pour exprimer leurs émotions
Concrètement, vous pouvez aussi aider les enfants à exprimer leurs émotions de plusieurs façons possibles :
- Lorsqu’un enfant est en joie, il peut danser, chanter, aller courir, sauter, rire
- Lorsqu’un enfant est triste, il peut pleurer (même pour un garçon !) ;-), s’isoler un moment, écouter de la musique, prendre un doudou
- Lorsqu’un enfant a peur, vous pouvez lui faire un gros câlin et lui demander de mettre en mots ses ressentis, ou de dessiner/colorier
- Lorsqu’un enfant est en colère, il peut frapper dans un oreiller, aller dehors, courir, respirer énergiquement, dessiner
Agir en tant que modèle
Vu que les émotions se transmettent aussi rapidement qu’un virus, il est parfois difficile de garder son calme face à un enfant qui vit une grosse colère. Néanmoins, il est contre-productif de crier à un enfant de se calmer ! Si l’émotion est trop forte, il est conseillé de s’isoler un moment et de revenir une fois apaisé·e.
L’enfant voit, ressent et reproduit les comportements des adultes. Dès lors, si nous arrivons à mettre en place des astuces ou des rituels pour accueillir nos émotions, il est fort à parier que les enfants vont prendre modèle sur nous et par conséquent apprendre à accueillir leurs propres émotions.
À retenir : un bon accueil des émotions va permettre aux enfants de mieux réagir aux situations de la vie et de mettre toutes les chances de leur côté pour développer des relations harmonieuses avec les autres.