Voici quelques réflexions qui font suite à mes échanges avec des parents et des professionnel-le-s de l’enfance, ainsi qu’à mes lectures sur ce sujet qui me passionne : L’enfant hautement sensible. Cet article a pour objectif de vous donner quelques pistes pour accompagner ce type d’enfant au quotidien, sans aucune intention de l’étiqueter ni prétention de poser un diagnostic. Comme il faudrait bien plus qu’une page pour traiter ce sujet, j’ai choisi de focaliser sur sa sensibilité en lien avec ses 5 sens. D’autres aspects suivront prochainement.
Les émotions sont un des facteurs qui font que nous sommes des êtres humains. Elles s’expriment pour nous indiquer quelque chose en lien avec nos besoins ; elles sont les messagères de nos divers ressentis. Nécessaires, elles doivent se vivre et non être refoulées au plus profond de nous pour être évitées et, ainsi, ne pas devoir être affrontées. Pour l’enfant hautement sensible, sa singularité peut déclencher chez lui de vives réactions émotionnelles pouvant nous paraître démesurées et nous procurant un profond sentiment d’impuissance.
Chez lui, ses 5 sens sont en perpétuel activation ; il n’y a pas de repos ou de temps mort sauf quand il dort. Tout est source de stimulation et, surtout, tout peut être oppressant voire agressant. Son seuil de tolérance est ainsi extrêmement bas, comparativement à un enfant ayant une sensibilité moins exacerbée, d’où ses débordements émotionnels réguliers. Voici un rappel des sens avec quelques réactions caractéristiques pour chacun et des pistes d’accompagnement à explorer, à expérimenter, à personnaliser selon les résultats obtenus…
La vue : L’enfant est très sensible à tous les détails et changements. Or, notre environnement est très ‘’visuel’’ avec beaucoup de publicités, d’affiches, de lumières avec des intensités très diverses et souvent clignotantes… Suivant son état de fatigue, l’enfant sensible réagit à tout ce qui peut l’incommoder. Si son sens pointu de l’observation est une grande qualité, il peut aussi renforcer son hypersensibilité en le surchargeant de stimuli. Proposer des activités dans un décor moins vif et plus calme, des jeux où l’on peut, par exemple, fermer les yeux lui sera propice.
L’audition : L’environnement bruyant de la nurserie, de l’UAPE ou de l’école est aussi un facteur favorisant de vives réactions émotionnelles. L’enfant hautement sensible n’a pas la capacité de se couper des bruits ambiants, son ouïe étant ainsi sollicitée en permanence. Logiquement, il sera également très sensible aux mélodies, aux chansons qui peuvent être des sources d’apaisement pour lui. Pour autant qu’il puisse choisir ses préférées, cette solution est intéressante. Occasionnellement, lui proposer des protections auditives (bouchons, pamir…) l’aidera à se couper du bruit ambiant et à apaiser ses émotions.
Le toucher : C’est le sens qui est sollicité 24h/24, le corps touchant toujours quelque chose. Une simple étiquette sur un t-shirt, la manche du pull qui est remontée lorsqu’il enfile sa veste, un changement soudain de température (aller visiter des grottes en juillet…) peuvent déclencher un état de stress et des réactions disproportionnées. L’aménagement des lieux peut aussi impacter sa sensibilité : une grande pièce ouverte (raisonnante), une surface rugueuse, du mobilier inconfortable… Il faut donc privilégier des espaces plutôt confinés, un environnement agréable au toucher, des objets lui apportant du plaisir, du réconfort…
Le goût : Si beaucoup d’enfants passent par des phases où goûter de nouveaux aliments est compliqué, le défi sera d’autant plus grand pour l’enfant hypersensible. Des goûts trop contrastés dans son assiette peuvent, par exemple, grandement le désarçonner et engendrer un refus catégorique de manger ou même de goûter. Lorsqu’il y a trop de saveurs différentes ou des goûts prédominants, ses réactions peuvent aussi être très fortes. Il est préconisé ici de ne pas le contraindre et de veiller à un équilibre des saveurs dans les plats proposés.
L’odorat : Pour le jeune enfant, il s’agit du sens de l’attachement, qui plus est s’il est hautement sensible. C’est aussi le sens pour lequel il est le plus difficile d’identifier les déclencheurs de réactions positives ou négatives. L’important est de pouvoir permettre à l’enfant de se ressourcer avec une odeur rassurante et apaisante pour lui. Même chez les plus grands, le besoin de prendre sa veste, par exemple, en est un signe. En plus d’aménager un petit coin avec peu de lumière, peu de bruit ou de la musique douce, prévoir des stimulations odorantes agréables pour lui est requis : par exemple, déposer une orange dans laquelle quelques clous de girofle sont planté pour parfumer délicatement peut être une autre astuce à tester !
En bref, chaque sens peut apporter des stimulations autant positives que négatives mais dans toutes les situations, l’enfant les vivra à une très haute intensité et de manière exacerbée. Le corps et les 5 sens véhiculent les informations jusqu’au cerveau. L’environnement proposé à l’enfant est, également, un facteur important. Pour l’enfant hautement sensible, il y a très vite trop de sollicitations (bruits, lumières, couleurs, odeurs…). Créer un petit coin »cocon » l’aidera à s’apaiser et à faire baisser la surcharge émotionnelle !
Pour moi, il était important de commencer par le côté physique. Les signaux donnés par le corps sont trop peu écoutés, mis de côté… et pourtant tout passe par là. J’aborderai dans un prochain article, l’enfant sensible et ses émotions.
Si ce sujet vous intéresse et que vous souhaitez aller plus loin, je vous recommande le livre de Stéphanie Couturier « Mon enfant hérisson » aux éditions Marabout.