Être un humain, c’est avoir des émotions. Celles-ci peuvent être agréables ou désagréables mais, à chaque fois, elles sont les messagères d’un besoin. Chez les adultes, le vécu ou l’expression des émotions est (normalement) adéquat mais cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. L’expression des émotions est un apprentissage sur plusieurs années. Je parle volontairement de vécu émotionnel ou d’expression des émotions car je déteste entendre parler de gestion des émotions. Pour moi, on gère un budget, une entreprise… mais pas des émotions. Les émotions sont faites pour être vécues. Dans le fait de vouloir gérer des émotions, il y a un côté où l’on veut maitriser, minimiser voire même refouler les émotions. L’enfant a donc besoin de plusieurs années pour ressentir ce qu’il se passe dans son corps, comprendre ses émotions, mettre des mots dessus pour ensuite pouvoir les exprimer et les vivre de manière socialement adéquate.
Avant d’aller plus loin, je pense qu’un bref rappel sur un élément important du développement du cerveau du jeune enfant est important. Le cortex préfrontal et les circuits le reliant au système limbique sont immatures chez l’enfant. Cela nous permet de comprendre pourquoi l’enfant petit est si vite submergé par de véritables tempêtes émotionnelles et par des comportements impulsifs d’attaque ou de fuite directement issus du mode de fonctionnement du cerveau[1]. C’est le cas pour tous les enfants qu’ils soient hautement sensibles ou non. Chez l’enfant hautement sensible, les tempêtes émotionnelles peuvent se transformer en véritable typhons avec des réactions aussi soudaines que violentes qui vont désarçonner l’adulte. Plusieurs fois, j’ai entendu des parents et des professionnel.le.s me dire qu’ils avaient l’impression que l’enfant était possédé tellement ses réactions étaient intenses et vives. Le sentiment d’impuissance chez l’adulte est immense lorsqu’un typhon s’abat sur lui, cela va créer méli-mélo émotionnel.
Comme je l’ai expliqué dans un article précédent (voir https://valerielassueur.ch/lenfant-tres-trop-sensible/), tout est source de stimulation pour l’enfant hautement sensible. Ses 5 sens sont continuellement en train de recevoir des messages qu’il n’arrive pas à trier au fur et à mesure. Du coup, il y a saturation du système nerveux extrêmement rapidement ce qui engendre de vives réactions émotionnelles.
Quelques pistes pour accompagner les enfants hautement sensibles :
Le temps est un point très important. Dans un monde du tout, tout de suite et très vite, l’enfant a besoin de temps pour lui, pour s’isoler, pour se reposer, rêver… mais il a aussi besoin que l’adulte lui accorde un temps d’écoute de qualité. Cet enfant va souvent prendre plus de temps pour réussir à exprimer ce qu’il ressent réellement au fond de lui.
La cohérence est aussi fondamentale. L’enfant a besoin que l’adulte soit cohérent dans ses demandes, ses attentes, ses consignes… mais également dans l’exemple qu’il donne au quotidien. Les capacités d’observation et d’analyse de l’enfant sont hyper pointues et les plus petites incohérences peuvent fortement le déstabiliser.
Un environnement calme est à privilégier. Comme tout est stimulant pour l’enfant hautement sensible, il est important de lui proposer un endroit cosy dans lequel il pourra s’apaiser et se ressourcer. Un endroit confortable dans lequel il y a peu de stimulation visuelle, auditive et kinesthésique, où ses 5 sens peuvent se mettre au repos.
L’estime de soi est également un point essentiel. L’estime de soi est la certitude de sa propre valeur. C’est le regard que l’on porte sur nos forces et nos faiblesses dans les différents domaines de notre vie. Elle se construit dès la petite enfance mais reste fluctuante tout au long de notre vie en fonction de nos réussites et de nos échecs. Le regard que l’adulte porte sur l’enfant est fondamental pour sa construction de l’estime de soi.
Quelques outils qui peuvent aider :
Les livres pour les enfants qui parlent des émotions. Par exemple : le loup qui apprivoisait ses émotions d’Orianne Lallemand ; la couleur des émotions d’Anna Llenas ; ma petite bibliothèque des émotions de Stéphanie Couturier.
Les livres pour les adultes qui traitent de ce sujet. Par exemple : Mon enfant hérisson de Stéphanie Couturier ; Mon enfant est hautement sensible de Dr. Elaine Aron.
Les supports didactiques comme : la roue des émotions d’Anne-Sophie Thiry et Jean-Marie Hoton www.lautrementdit.net ; mon coffret des émotions de Stéphanie Couturier ; Régulation des émotions d’Anne-Claire Kleindienst et Lynda Corazza.
Les exercices de respiration comme la cohérence cardiaque, la relaxation active… sont des outils fantastiques pour aider l’enfant à retrouver son calme et à se reconnecter à soi.
Plus que n’importe quels outils, le plus important pour accompagner l’enfant sur les chemins de la vie, c’est VOUS ! Vous êtes votre premier et plus important outil. C’est pourquoi, il est fondamental de prendre soin de vous et de vos émotions. Je dis souvent que les émotions sont plus contagieuses que la gastro. Alors tant qu’à faire, autant le contaminer d’amour, de tolérance, de patience, de douceur…
Prendre soin de soi, c’est montrer l’exemple et donner à l’enfant des outils qui lui serviront toute sa vie.
« Les enfants sont de grands imitateurs. Donc donnez leur quelque chose de grand à imiter. » Anonyme
[1] Pour une enfance heureuse, Dr C. Gueguen, Pocket, 2019