En quelques années, les technologies numériques ont bouleversé le monde. Les habitudes familiales, sociales, scolaires, pédagogiques ont vu leurs repères se diversifier et se complexifier. Une importante accélération technologique s’est produite et, aujourd’hui, nous devons rééquilibrer et donner la juste place à ces nouveaux moyens à disposition. Ni trop, ni trop peu… Tout comme nous apprenons aux enfants à se brosser les dents, à traverser la route…, nous devons leur apprendre à utiliser les écrans. N’oublions pas que tout apprentissage prend du temps !
Petit rappel sur les besoins des enfants :
Entre 0 et 3 ans, l’enfant construit ses repères corporels et sensori-moteurs puis des repères spatiaux et temporels. Pour ce faire, il a besoin de pouvoir mettre à la bouche, toucher, goûter, manipuler, secouer… les objets qui l’entourent. Il a également besoin d’explorer avec son corps et apprendre à se repérer dans l’espace. Autre construction importante pour l’enfant, les repères temporels avec un rythme de vie régulier, des points de repères et des adultes attentifs.
Les apprentissages principaux de cette période sont :
- apprendre à se tourner sur le dos, sur le ventre ;
- s’asseoir et à maintenir la station assise ;
- se mettre debout puis la marche ;
- les prémices du langage.
Dans cette tranche d’âge, l’enfant n’a pas besoin d’écran pour apprendre. Bien au contraire, il est prouvé que les écrans ont tendance à freiner le développement de l’enfant notamment au niveau langagier.
Lorsqu’un enfant de moins de 3 ans regarde la télévision, un DVD, Youtube…, il est fondamental que l’adulte soit à côté de lui pour mettre des mots sur ce qui se passe sur l’écran, pour expliquer et observer ses réactions.
Entre 3 et 6 ans, l’enfant a besoin de confronter sa compréhension du monde à celle des autres et de développer toutes ses compétences physiques, sociales, intellectuelles. C’est l’âge d’or du jeu ; l’enfant est spontané et naturel. Il expérimente et explore son monde. Pour cela :
- il a besoin de la compagnie les autres enfants avec lesquels il est alternativement coopératif ou agressif ;
- il se montre concerné par les jeunes enfants et montre de la sympathie pour ses copains de jeu en détresse ;
- il comprend les règles « à tour de rôle » et celles du partage.
Dans cette période-ci, la gestion des écrans est une tâche ardue pour les adultes car l’intérêt et l’attirance de l’enfant sont grandissants. Le cerveau de l’enfant est encore en grand développement, et sa maturation ne se fait pas pour toutes les zones en même temps mais l’une après l’autre. Les écrans peuvent apporter des sources intéressantes de développement intellectuel pour autant que ce soit bien ciblé en termes de contenu et de durée.
Les écrans interactifs stimulent en effet deux types d’intelligence : intuitive et hypothético-déductive. Les risques avec les programmes regardés par cette tranche d’âge sont : une forte charge émotionnelle, l’impossibilité de lui donner du sens, l’incapacité de gérer cette situation potentiellement traumatique.
Un point essentiel dans la gestion des écrans est la notion de temps. Le temps, ne peut être géré que par les parents. Donner une durée à l’enfant et contrôler qu’au bout du temps déterminé, il éteigne l’écran est nécessaire. Ça l’est tout autant pour un adolescent, l’adulte restant le garant du temps.
L’apprentissage des écrans est long, fastidieux et, surtout, il demande de la cohérence entre ce que l’adulte demande à l’enfant et son propre comportement ! Autrement dit, l’adulte doit démontrer/confirmer ce qu’il demande à l’enfant/adolescent et non le contredire en adoptant des comportements contraires.
Les écrans font désormais partie de nos modes de vie, les supprimer totalement du quotidien des enfants ne serait pas plus bénéfique qu’une surconsommation. Ce serait même une forme de désocialisation voire de stigmatisation par rapport à ses pairs éduqués en la matière. Notre défi : trouver le juste équilibre !