Un funambule avance sur son fil tendu entre un point A et un point B ; parfois, il fait encore des sauts et autres acrobaties. Nous retrouvons quelques similitudes avec l’éducation.
De plus en plus de méthodes, d’outils, de conseils, d’approches différentes sont prônés autour de l’éducation des enfants, tant pour les professionnels-les que pour les parents. Cependant, aucune de ces méthodes ou approches sera la panacée car l’être humain est un être complexe et unique. Comme le dit si bien la PNL, l’être humain est toujours plus complexe que les théories qui les décrivent.
S’il a des besoins primaires (manger, dormir, respirer…) et secondaires (apprendre, se réaliser…) qui sont communs à tous, il reste unique dans chacun de ses besoins. Ce qui fonctionnera pour l’un ne fonctionnera pas pour un autre. C’est pourquoi, il n’y aura jamais une seule et unique méthode. C’est ce qui fait la beauté et la difficulté de l’éducation mais qui pose également de grands défis pour les parents et les professionnels-les.Pour se rassurer, et aussi se reposer, sur notre rôle et nos compétences (tant celui de parents que celui de professionnels), nous aimerions parfois pouvoir faire comme en cuisine et compter sur les recettes inratables, rapides et délicieuses de ‘’Madame Betty Bossi’’ 😉 !
L’éducation est un sacré exercice d’équilibrisme durant lequel il faut alterner entre : avancer, reculer, s’arrêter, repartir, tanguer, tomber, remonter, hésiter… À la différence du funambule, nous ne voyons pas l’arrivée. Tout au long du parcours nous effectuons moult acrobaties qui demandent : souplesse, adaptation, abnégation, douceur, humilité, fermeté, pour garder tout le monde en équilibre. Autant dire que l’exercice est périlleux et exigeant, tant sur le plan physique, mental qu’émotionnel. C’est pourquoi, nous avons besoin de temps à autre d’une pause pour reprendre notre souffle afin de regarder le chemin parcouru. À force de vouloir être continuellement en mouvement sans prendre le temps de se poser un moment, nous nous s’essoufflons et nous commençons à perdre pied.
À quoi se raccrocher pour ne pas tomber et maintenir l’équilibre ? Pour le garder, je suggère de faire à nouveau place à la lenteur dans nos gestes quotidiens, à éviter de vite faire ci vite faire ça. Dans le monde du tout, tout de suite et très vite, la lenteur peut paraitre un luxe ou alors une ineptie. Pourtant, prendre du temps pour soi, prendre soin de ses besoins (pas toujours de ceux des autres) et, parfois, remettre du sens dans nos actes du quotidien est fondamental. Nous pouvons choisir lorsque nous (re)mettons du sens à nos activités, même les moins ludiques comme le rangement ou l’administratif ! C’est bien souvent cette course effrénée (il faut, je dois…) qui nous fait basculer et perdre ce délicat et subtil équilibre. Accepter de ne pas toujours être dans l’action permet de se recentrer et de diminuer le risque d’épuisement parental ou professionnel.
Pour ma part, il y a un mot en particulier qui me fait perdre l’équilibre… C’est le mot « vite » ! Je ne peux pas aller vite sur mon fil de funambule de l’éducation ! J’ai pourtant essayé à de moult reprises et ça n’a jamais marché ! Pourquoi ? Parce que, lorsque je veux aller vite, je me déconnecte et je suis dans le faire et plus du tout dans le fait d’être. Avec les années, j’ai appris à ne pas vouloir tout faire vite même s’il y a encore des rechutes 😉 !
VITE !!! Ce mot fait tellement partie de notre vocabulaire qu’on ne se rend même plus compte que nous l’utilisons, même quand cela n’est pas nécessaire et surtout impossible ! Vite aller chercher les enfants à l’école, vite faire à manger, vite remplir un document, vite…
Souvent, que ce soit lors de formations ou de séances individuelles, on me demande : « Est-ce que je peux vite aller aux toilettes ? » Et si vous alliez simplement aux toilettes en prenant le temps nécessaire !
Nous avons en outre tendance à confondre rapidité et précipitation. Nous pouvons agir avec rapidité tout en étant calme et détendue. A contrario, en agissant avec précipitation, il y a des facteurs de stress qui sont associés, ce qui peut avoir plusieurs conséquences : fatigue chronique, maux de tête, maux de ventre, insomnies, troubles alimentaires…
Le fait de toujours devoir ou vouloir faire/aller vite, vous rend-il vraiment efficace ? Avez-vous fait tout ce que vous vouliez à la fin de la journée ? Êtes-vous satisfait-e ?
Si c’est oui, tant mieux et ne changez rien. Si c’est non, quel est le « vite » que vous souhaitez enlever ? Dans laquelle de vos phrases, dire « vite » n’a pas de sens ou n’est pas une nécessité ?
Je me réjouis de vous lire et je prendrai le temps de vous répondre tranquillement, bien posée sur mon fil d’équilibriste…