« J’ai attendu des plombes ! », « Je n’ai pas vu le temps passer ! », « Je cours après le temps ! », « Le temps s’est arrêté ! » … des expressions courantes qui en disent long sur notre rapport au temps !
Pourtant, si je passe une heure à lire un livre passionnant ou si je passe une heure dans un bouchon sur l’autoroute, la durée est la même ! Une heure, c’est toujours soixante minutes. Le fait que le temps passe vite ou au contraire lentement est lié à ce que je vis et surtout comment je le vis !
Pas facile pour les enfants de comprendre que trente minutes de devoirs, c’est plus court qu’une heure à jouer dans le jardin ! On utilise souvent l’argument du temps pour essayer de les motiver à faire quelque chose de contraignant (comme les devoirs 😉). Il faut admettre que, bien souvent, ça ne marche pas. Les phrases comme « Dépêche-toi de faire tes devoirs tu auras plus de temps pour jouer ! » ça à plutôt tendance à les démotiver car ça ne fait pas sens pour eux. C’est complétement abstrait et le temps semble interminable dans ces moments-là.
Plusieurs années vont être nécessaires pour que l’enfant se repère dans le temps et s’approprie les diverses notions (et même subtilités) temporelles (env. 10 – 12 ans, pour autant qu’il n’y ait pas de troubles DYS et/ou TDA/H).
Plusieurs étapes vont être nécessaires pour que l’enfant puisse développer la notion du temps.
Il va devoir intégrer :
- La perception du temps qui se compose de 7 notions spécifiques.
- La construction du temps pour comprendre le côté cyclique et le côté irréversible.
- La proportionnalité en fonction de son stade de développement.
Pour les aider dans cet apprentissage, nous mettons en place plusieurs outils comme le sablier, les points de repères, les rituels, le timer, etc. qui permettent de structurer les journées, semaines… Ce sont des outils très intéressants et qui peuvent être utiliser de moult façons différentes en fonction des besoins et des situations.
Cependant, il y a un outil fréquemment utilisé dont je ne suis pas fan ; c’est la ligne du temps avec les jours de la semaine du lundi au dimanche collée à plat contre un mur. Je trouve que ça fausse la vision du temps qui passe. Le temps est cyclique, après dimanche il y a lundi mais ce n’est pas lundi d’avant, c’est un nouveau lundi. Sur une ligne du temps accrochée au mur, après le dimanche on revient ‘’en arrière’’. Les jours de la semaine devraient plutôt être mis sous forme de boucle. (Pour les enfants qui ont des troubles DYS et/ou TDA/H, il est vraiment important de mettre les jours en boucle et non en ligne sur une feuille ou sur un mur !)
Autre point défavorisant l’apprentissage du temps, ce sont les expressions comme « attends deux minutes ! », « c’est bientôt l’heure ! » que l’on dit à longueur de journée. Elles n’aident absolument pas l’enfant à se repérer dans le temps. C’est complétement abstrait et surtout… les deux minutes durent souvent plus que deux minutes 😉 ! Je vous l’accorde, ça va être difficile à changer mais d’en avoir conscience permet au moins, par moment, d’amorcer le changement !
Au fil du temps, l’enfant va apprendre qu’il n’y a rien d’aussi uniforme que le temps qui passe et en même temps il n’y a rien d’aussi irrégulier. Le temps objectif et observable passe toujours à la même vitesse alors que le temps subjectif et émotionnel passe plus ou moins vite ou lentement.
« Qu’est-ce que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais. Si je veux l’expliquer à qui me le demande, je ne le sais plus. » St-Augustin