La rentrée, ce n’est pas seulement un nouveau rythme et de nouvelles habitudes. C’est aussi un grand mélange d’émotions, aussi bien pour les enfants que pour les adultes : excitation, fatigue, petites peurs, joie de retrouver les copains… Et comme les émotions se transmettent très vite, celles des adultes viennent parfois amplifier celles des enfants.

Petit rappel : le cortex préfrontal – la partie du cerveau qui aide à analyser et réguler – est encore immature, il se développe jusqu’au début de l’âge adulte. En clair : en ce début d’année, les enfants vivent souvent les émotions « de plein fouet » et ont besoin d’adultes pour les accompagner.

Plutôt que de leur demander de « gérer » leurs émotions, aidons-les à les accueillir. Une émotion n’est pas un problème à régler, mais un message à écouter  (à lire aussi : https://valerielassueur.ch/peut-on-vraiment-aider-un-enfant-a-gerer-ses-emotions/ et  https://valerielassueur.ch/regulation-emotionnelle-le-coeur-du-bien-etre-de-lenfant/)  Notre rôle est de mettre en mots, de valider ce qu’ils ressentent et de leur offrir des moyens concrets pour se réguler. 

Un outil simple, ludique et efficace et que l’on trouve dans toutes les structures de l’enfance… la pâte à modeler !

Pourquoi ça marche ?

• La stimulation sensorielle (pression, texture, odeur) apaise le système nerveux et aide à recentrer l’attention.
• La motricité fine canalise l’énergie et les tensions.
• La création permet d’exprimer ses émotions autrement que par des mots.
• Et surtout : la malléabilité du support permet de mettre en mouvement ce qui est figé à l’intérieur. Plus la matière est souple, plus elle facilite l’expression, l’apprivoisement et la transformation des émotions. C’est une façon de passer ce qu’il y a « à l’intérieur » vers « l’extérieur », dans un cadre sécurisant et maîtrisé.

Petit zoom théorique : la malléabilité dans la régulation émotionnelle

La pâte à modeler n’est pas qu’un jeu. Sa malléabilité en fait un véritable outil de régulation émotionnelle. Elle permet, entre autres, de travailler sur :

Lien corps-émotions : manipuler une matière souple permet de déplacer une tension interne vers l’extérieur. Le geste corporel devient un chemin d’apaisement.

Expérience sensorielle : la pression, la texture et parfois l’odeur activent les sens et favorisent la détente par stimulation du système parasympathique.

Symbolisation : donner forme à une émotion, puis transformer cette forme, permet de passer du ressenti brut à une représentation concrète, malléable et apprivoisable.

Cadre sécurisant : ces moments créatifs offrent à l’enfant un espace sécurisant où il peut explorer et transformer ses émotions.

 

Comment l’utiliser ?

• Installer un moment calme, avec peu de matériel : la pâte à modeler seule suffit. Éviter couteaux, emporte-pièces ou accessoires pour que l’attention reste centrée sur la sensation et la création.
• Offrir une guidance douce avec la voix : “Quelle pâte à modeler veux-tu choisir ?”, “Quelle forme voudrais-tu donner à ton émotion ?”, “Veux-tu la transformer ?”.
• Laisser l’enfant libre de représenter son émotion comme il la ressent, sans orienter cers un code fixe (ex. pas forcément une boule pour la colère).
• Inviter, si l’enfant le souhaite, à transformer ou déformer la création, comme on peut faire évoluer un ressenti.

En cette période de reprise, un petit geste, une écoute attentive… et parfois un peu de pâte à modeler peuvent aider les enfants à naviguer dans leurs émotions avec plus de sécurité et de sérénité.

Bonne reprise à toutes et tous !