Leadership éducatif, posture professionnelle et caprices : un même fil à tirer
Dans les métiers de l’enfance, on parle beaucoup du développement de l’enfant, de ses besoins, de ses émotions. Mais plus discrètement, il y a un autre facteur fondamental qui influence directement le climat de la structure : la posture professionnelle.
Cette posture professionnelle ne s’improvise pas. Elle se travaille, s’affine, s’incarne au quotidien. C’est là que le leadership éducatif entre en jeu. Pas un leadership hiérarchique ou autoritaire mais un leadership fondé sur les compétences, la cohérence, la clarté et l’engagement. Un leadership qui inspire, qui rassure et qui donne un cap même quand les journées sont chargées, que les émotions débordent et que les tensions surgissent.
C’est cette posture-là qui nous aide à lire autrement les comportements de l’enfant.
🔍Un leadership qui commence par soi
Incarner le leadership éducatif, c’est conscientiser et accepter que notre manière de (ré)agir, de communiquer, de poser un cadre, influence tout : la dynamique de l’équipe, le climat relationnel, et surtout, le comportement des enfants.
Un adulte qui adopte une posture professionnelle stable, ajustée, respectueuse… crée un cadre sécure pour l’enfant. C’est ce cadre qui permet à l’enfant d’exister, d’exprimer ce qu’il vit… sans être étiqueté de « capricieux ».
🚫 Le « caprice » : un signal mal interprété
Le mot « caprice » a la vie dure. Il vient souvent masquer un besoin non compris, une émotion débordante, une limite pas encore intégrée.
Ce sont nos regards d’adultes, nos grilles d’analyse, notre disponibilité, notre propre régulation émotionnelle, qui font toute la différence dans la façon dont nous allons accueillir ou juger le comportement de l’enfant.
Alors non, un enfant ne fait pas un caprice. Il exprime quelque chose ; il est en apprentissage. Car derrière ce que l’on appelle encore trop souvent « un caprice », il y a une émotion débordante, un besoin non compris, une limite en cours d’intégration.
(Lire aussi l’article : https://valerielassueur.ch/caprices-ou-expressions-de-besoins-comprendre-repondre/ )
Pour garder ce regard ajusté, il faut pouvoir s’appuyer sur une équipe solide, un cadre clair, une communication fluide. Autrement dit : il faut un leadership éducatif vivant, incarné, proche du terrain.
🧭 La posture professionnelle comme point d’ancrage
Dans les formations, je le répète souvent : la posture professionnelle n’est pas un rôle que l’on joue, c’est une manière d’être en relation. C’est ce qui permet de poser un cadre clair sans rigidité. De faire autorité sans autoritarisme. C’est ce qui permet de dire : “Je vois ton émotion, je suis là, je pose un cadre et je t’aide à la traverser.”
Et cela vaut aussi bien pour les enfants que pour les équipes.
C’est en changeant notre regard sur le comportement des enfants, en remplaçant le mot « caprice » par une lecture plus fine de leurs besoins et leurs émotions que nous pouvons ajuster notre posture professionnelle.
Ce changement de grille de lecture nous pousse à adopter une posture plus authentique, cohérente et souple. C’est là que les transformations s’opèrent : dans notre pratique au quotidien, dans la qualité du lien avec les familles et dans la manière dont nous accompagnons les enfants.
Et nous, professionnel.le.s, avons le devoir et la responsabilité de créer un cadre dans lequel cette expression peut être entendue, accueillie, déchiffrée. Notre rôle, c’est de traduire, contenir, accompagner. Pour cela, il faut pouvoir s’appuyer sur une posture stable, un cadre d’équipe solide, et une communication ajustée.
Parce qu’incarner pleinement notre posture professionnelle, c’est ce qui nous permet de transformer nos pratique, et parfois, les regards.