Dans la situation très particulière et anxiogène dans laquelle nous nous trouvons actuellement : doutes, incertitudes, incompréhensions, peurs, angoisses, colères, frustrations, agacement, énervement, lassitude, tristesse, surprise… ont créé un sacré méli-mélo émotionnel, autour d’un seul et même sujet, le COVID-19.
Il y a quelques mois, ce n’était qu’un lointain virus. Rapidement, il est arrivé jusqu’à nous, mettant sens dessus-dessous, les systèmes de santé, scolaire, sportif, culturel, économique… Autant dire que depuis vendredi 13 mars, c’est le bazar (pour ne pas dire plus 😉) !
Par chance, les enfants ne sont pas dans la catégorie des personnes à risque. Mais émotionnellement, cela n’est pas facile pour eux.
Vendredi, ils apprennent qu’ils ne retourneront pas à l’école lundi. Ils devront rester à la maison, sortir le moins possible et étudier depuis chez eux. Les enfants ont de formidables facultés d’adaptation. Mais là, il y a beaucoup de choses à assimiler en même temps, de plus dans un climat de stress important ! Ils doivent s’adapter à cette nouvelle réalité, comprendre le pourquoi de ces changements majeurs, s’acclimater aux tensions qui les entourent, etc. Dans un premier temps, c’est certainement l’excitation qui primera dans cette période particulière. Au fil du temps, cela risque de changer et l’anxiété prendra place sournoisement. J’ai coutume de dire que les enfants sont des ‘’éponges émotionnelles’’. C’est-à-dire qu’ils s’imprègnent des émotions de leur entourage. Le coronavirus est sur toutes les lèvres, on ne peut pas y échapper. En tant qu’adulte, nous sommes sous pression ! Il faut s’organiser pour le travail, pour une vie différente à la maison, ne plus sortir, ne plus voir les grands-parents… Qu’on le veuille ou non, cela a un impact sur nos émotions !
C’est notre devoir de rassurer les enfants et de les informer en fonction de leur âge… mais comment rassurer, alors qu’il y a tant d’incertitudes ? Que nous sommes dans le doute, la peur, l’inquiétude… Notre méli-mélo émotionnel déteint sur les émotions des enfants.
À tout âge, les enfants observent, même plus, scannent les micros-expressions corporelles des adultes. Lorsqu’il y a des divergences entre ce que l’on dit (t’inquiète pas, ça va aller) et ce que l’on vit à l’intérieur (stress, doute…), l’enfant s’en rend compte et cela génère de l’insécurité chez lui. Il remarque que le discours verbal ne correspond pas au discours non-verbal. Vous avez l’impression de ne pas laisser paraitre votre anxiété, stress, contrariété… mais votre mâchoire inférieure se crispe légèrement, vos gestes sont un peu plus brusques, votre respiration est plus courte, votre regard un peu plus dur… Vos enfants voient tous ces minuscules changements. Pour eux, il y a de l’incohérence. Ils ressentent vos tensions internes ce qui a pour effet d’amplifier leurs inquiétudes qui vont se manifester par des comportements excessifs (pleurs, colères, peurs, excitation, apathie…).
Voici quelques outils pour aider les enfants dans cette période particulière :
- Expliquer la situation en fonction de leur âge. Les enfants ont besoin de réponses simples et pragmatiques. Une bonne astuce est de leur retourner leurs questions (dis-moi ce que tu en penses ? comment tu crois que cela se passe ?…) pour savoir ce qu’ils comprennent de la situation et de là on peut complémenter ou clarifier.
- Aider l’enfant à exprimer ses émotions en lui faisant raconter à une peluche ou une poupée pourquoi il y a ce confinement, ou pourquoi il ne va plus à la crèche, ou…
- Identifier les signes avant-coureurs. Les changements physiques sont de très bons indicateurs de changements émotionnels (changement de couleur du visage, changement du rythme de la respiration, tensions musculaires…)
- La respiration abdominale est un outil puissant même s’il peut paraître simpliste. C’est un excellent moyen pour aider l’enfant à contrer l’angoisse. Demander à l’enfant de se coucher sur le dos puis placer sur son ventre un cahier ou un livre qui ne soit pas trop lourd. Faites-le inspirer profondément par le nez puis expirer par la bouche, il doit voir monter et descendre le cahier placé sur lui. Cet exercice a une double action, il aide à retrouver une respiration calme et il permet au mental de sortir des pensées angoissantes.
- Masser l’abdomen et les pieds avec de la crème corporelle ou de l’huile dans laquelle vous ajoutez 1 goutte d’huile de lavande (aussi pour les adultes).
Quelques astuces pour les adultes :
- Travailler sur vos propres angoisses pour ne pas les transférer à votre enfant.
- Déposer 1 ou 2 gouttes d’huile essentielle de lavande sur un mouchoir que l’on garde sur soi et que l’on dépose sur l’oreiller le soir (aussi pour les enfants).
- Le thé vert et le chocolat noir ont une action sur le cortisol (= hormone du stress).
- Faire des pauses de quelques minutes plusieurs fois par jour même si tout s’agite autour de vous.
- Partager votre stress, vos inquiétudes…
Il n’y a pas une seule manière d’apaiser le méli-mélo émotionnel. Il y autant de façon qu’il y a de personnes !
Si vous n’arrivez pas à vous en défaire, ne restez pas seule avec ce problème parlez-en et s’il le faut n’hésitez pas à consulter un spécialiste.
Votre enfant ou vous-même souffrez d’anxiété, d’angoisse ou de vives réactions émotionnelles ? Comment gérez-vous ces situations ? Quels sont vos outils ? Vos expériences peuvent aider d’autres parents, n’hésitez pas à partager votre vécu.