Cet adage n’est malheureusement pas une réalité pour bien des familles. Le sommeil est un sujet qui revient fréquemment dans mes séances et les discussions de tous les jours. Je vous propose un partage d’expérience et quelques compléments théoriques qui, je l’espère, vous donneront quelques pistes et vous aideront à moins culpabiliser 😉 !
Commençons par un brin de théorie ! La mise en place du sommeil peut être plus ou moins longue selon les enfants car elle dépend de la maturité du cerveau. E. Martello, dans son livre « Enfin je dors… et mes parents aussi » (paru en 2007, Montréal Canada : CHU Sainte-Justine), dit que les problèmes de sommeil sont fréquents chez les jeunes enfants, et encore plus chez les bébés. Entre 25 et 30% des enfants présentent des problèmes de sommeil.
Le cycle de sommeil :
Le sommeil est constitué de cycle d’environ 1h30 à 2h00, chaque cycle est constitué de phases distinctes qui ont un rôle précis. Pour un bon sommeil, il est important de passer par toutes les phases, et ce, plusieurs fois par nuit. Chez l’enfant, le sommeil a plusieurs fonctions primordiales. Pendant qu’il dort, l’enfant sécrète l’hormone de croissance, son cerveau se régénère, sa musculature récupère… Tous les enfants ne dorment pas de la même manière et selon le même rythme. Dans les premiers mois, il est important que le bébé apprenne à faire la différence entre le jour et la nuit.
De la naissance à 2 mois environ, le nourrisson a un cycle de sommeil d’environ 50 minutes avec l’alternance de sommeil agité (yeux qui bougent, respiration rapide et irrégulière, contorsions, brefs cris) et des périodes de calme (respiration lente et régulière, peu de mouvements des yeux).
Entre 2 et 9 mois environ, le bébé a un cycle de sommeil qui se prolonge à environ 70 minutes. À ce moment-là, une nouvelle phase de sommeil apparait : le sommeil paradoxal. Dans cette phase, même si l’enfant dort, son cerveau est en pleine activité.
Vers 9 – 12 mois, certains enfants ont mis en place leur cycle de sommeil. Celui-ci comprend 5 phases par cycle, et chaque cycle dure entre 1h30 à 2h comme les adultes. Pour d’autres enfants cela peut prendre jusqu’à 3 ans.

Ceci est la théorie ; dans la vie quotidienne, cela ne se déroule pas toujours de manière aussi simple ! Le sommeil est quelque chose de fragile qui peut vite être perturbé et qui va souvent prendre du temps avant que tout rentre dans l’ordre. Dans ma pratique professionnelle, les questions et demandes sont nombreuses. Les problèmes de sommeil créent rapidement une spirale infernale de mal-être dans une famille.
Les situations les plus fréquentes sont :
- Les difficultés d’endormissement : Pour certains enfants, s’endormir est difficile et peut-être anxiogène. Dans ma pratique, je remarque 2 causes pouvant compliquer ce moment : le fait de se retrouver seul et/ou de sentir le corps se relâcher, sentir une sorte de lâcher-prise, cela peut être très perturbant pour certains.
- Les réveils nocturnes : Qu’ils soient aléatoires ou à heures fixes, ils questionnent toujours beaucoup.
- Le cododo : La culpabilité des parents si oui ou non c’est bien pour leur enfant.
- Les cauchemars : A certaines périodes les enfants font plus facilement des cauchemars, c’est une des manières qu’ils ont de régler, de ‘’digérer’’ et de mémoriser ce qu’il s’est passé durant la journée.
Ce qui rend le sommeil difficile pour les enfants :
- Les habitudes : peuvent très vite se prendre et seront par contre beaucoup plus longues à modifier. Il suffit que quelques nuits de suite, l’enfant se réveille et une habitude peut être prise.
- L’anxiété : est une cause très fréquente des troubles du sommeil. Depuis tout petit, l’enfant peut ressentir de l’anxiété soit face à une situation où il fait l’éponge émotionnelle et ressent l’anxiété d’un de ses parents.
- Le rythme de vie : Nous vivons intensément toute la journée et nous avons la fâcheuse tendance le soir de vouloir encore accélérer le mouvement pour finir notre journée : vite faire à manger, vite faire le bain, vite se laver les dents, vite… Et, surtout, on aimerait que les enfants s’endorment vite. Or, le corps et l’esprit ont besoin de temps pour se relâcher et partir dans le sommeil, y compris pour les enfants.
- Le stress ambiant : Lorsqu’il y a des problèmes de sommeil, cela devient un stress pour toute la famille. On appréhende le moment du coucher, les réveils réguliers durant la nuit, les pleurs… L’enfant ressent ce stress et aura encore plus de mal pour dormir.
- Le passage d’un lit de ‘’bébé’’ à un lit de grand : est aussi une source assez fréquente de perturbation du sommeil. Certains enfants ont besoin, durant plusieurs années, que leur lit fasse un cocon autour d’eux ; c’est plus rassurant.
Ce qui peut aider :
- La chambre : La température de la pièce doit être entre 19° et 21° avec une atmosphère calme et rassurante.
- Le rituel : Ces moments entourant le couché ont un grand rôle à jouer pour faire en sorte que l’enfant accepte ce moment de repos indispensable et en profite pleinement. Attention, on parle de rituel pour un moment d’env. 15 minutes, maximum 30 minutes. Plus on allonge ce moment, plus il y a de risque que l’enfant fasse tout pour le prolonger. Si on attend que l’enfant s’endorme avant de sortir de la chambre, plus l’enfant va mettre du temps car il voudra vérifier que l’adulte est toujours présent.
- Ralentir le rythme en fin de journée : C’est un point crucial car il nous met en porte à faux avec ce que l’on demande aux enfants. Si on prend le temps de faire les choses, de ne pas demander plusieurs choses en même temps et de ne pas dire ‘’vite’’ dans toutes nos phrases, parler plus tranquillement… cela aura un impact sur l’ambiance de toute la maisonnée ! Surtout, la cohérence avec ce qui est attendu de l’enfant sera augmentée. En effet, comment pourrait-il partir tranquillement dans le sommeil alors que l’excitation règne tout autour de lui ?
- L’emmaillotage : Pour les bébés, cette technique permet de les calmer et de les rassurer. La plupart des bébés aiment être emmaillotés. Cela peut paraître barbare, mais, pour les nourrissons, ça peut être une véritable oasis de sécurité, de sérénité et de tranquillité que d’être emmaillotés ! Ils retrouvent des sensations similaires à sa vie intra-utérine.
- Le cododo : C’est le sujet ‘’chaud’’, dans les discussions qui peuvent dégénérer en jugement de valeur et en critiques en tout genre. Faire du cododo, c’est souvent aller à l’encontre de croyances familiales (ancestrales). Lorsque les nuits deviennent trop difficiles, que la fatigue est là, le cododo est une solution. Il y a des moments où l’important est que tout le monde puisse dormir et récupérer tant physiquement et psychiquement. Attention, pas de cododo si on a bu de l’alcool, pris des somnifères ou que l’on est malade.
Conclusion :
Les problèmes de sommeil sont présents dans beaucoup de familles. Il existe moult théories sur le sujet et beaucoup de croyances qui ne sont pas synonymes de solutions. Il n’y a pas de recette magique toute prête qui va fonctionner à 100% pour tout le monde. L’important est que vous et votre enfant puissiez dormir et que vous soyez en accord avec les solutions choisies. Personne, mieux que vous savez ce dont votre enfant a besoin. Quant aux ‘’il faut, tu dois, moi à ta place…’’ ne les écoutez pas si cela ne vous convient pas !