On parle beaucoup de bienveillance, d’attachement, de limites, de cadre, de besoins…
Mais on parle encore trop peu des fonctions exécutives. Pourtant, elles sont au cœur du comportement de l’enfant. Ce sont elles qui permettent de se concentrer, d’attendre, de planifier, d’anticiper, de gérer ses émotions, de s’adapter…
Quand un enfant “n’écoute pas”, “interrompt tout le temps”, “pète un câble”, “n’arrive pas à rester sur une activité”, on pense souvent au cadre, au manque de règles, au tempérament… On oublie souvent de regarder du côté de son cerveau.
Les fonctions exécutives ne sont ni innées, ni automatiques. Elles se développent lentement, en interaction avec l’environnement. Elles ont besoin d’adultes qui comprennent, pas d’adultes qui punissent.
Mais au fait, quelles sont ces fonctions exécutives ?
Les fonctions exécutives regroupent plusieurs capacités qui travaillent ensemble pour piloter nos comportements :
- L’inhibition : c’est la capacité à résister à une impulsion, à attendre son tour, à ne pas couper la parole.
- La mémoire de travail : elle permet de garder une information en tête quelques instants pour l’utiliser (par exemple suivre une consigne à deux étapes).
- La flexibilité cognitive : c’est l’aptitude à changer de stratégie, à s’adapter quand les règles ou les situations évoluent.
- La planification : c’est la faculté d’organiser ses actions pour atteindre un but, étape par étape.
- L’attention soutenue : elle permet de rester concentré malgré les distractions.
- La régulation émotionnelle : elle aide à gérer ses émotions pour rester disponible à la relation et à l’apprentissage.
Ces fonctions se construisent progressivement, et elles ne seront pleinement matures qu’au début de l’âge adulte (env. 25 ans).
Comprendre, c’est déjà accompagner autrement
Connaître les fonctions exécutives, c’est :
- changer notre regard sur certains comportements,
- éviter de poser des attentes irréalistes,
- ajuster nos réponses éducatives au rythme de maturation de chaque enfant.
Les fonctions exécutives sont, en quelque sorte, le chef d’orchestre des comportements. Sans elles, difficile de garder le tempo dans la vie quotidienne !
Quelques outils à explorer sur le terrain :
- Nommer les processus
→ « Je vois que tu veux parler, mais j’ai besoin de finir ma phrase. Tu attends ton tour. »
Cela aide l’enfant à prendre conscience du contrôle inhibiteur, une des premières fonctions exécutives à se développer. - Créer des routines visuelles
→ Les pictogrammes ou les tableaux de séquences permettent de soutenir la mémoire de travail, souvent encore fragile chez les plus jeunes. - Jouer avec le contrôle et la flexibilité
→ Les jeux comme Jacques a dit, 1,2,3 soleil ou les jeux de rôles aident à entraîner inhibition et flexibilité cognitive, deux piliers essentiels. - Modéliser la régulation émotionnelle
→ Dire à voix haute ce que vous faites pour vous apaiser (« Je respire, je me calme avant de parler ») aide l’enfant à intérioriser les stratégies de gestion.
À observer dès demain :
Lors d’un temps de jeu ou d’une activité, demandez-vous :
- Quelles fonctions exécutives sont mobilisées ici ?
- L’enfant a-t-il besoin d’un soutien externe (visuel, verbal, gestuel) ?
Observer sous cet angle, c’est déjà soutenir le développement cérébral de l’enfant, en profondeur et dans la durée.
La neuropédagogie nous rappelle que grandir, c’est avant tout un apprentissage du contrôle de soi, pas une question d’obéissance.
